Il y a trois dimensions à un changement de paradigme :
- D’abord, c’est une façon de concevoir le monde autrement, de changer de point de vue, qui nécessite de lâcher prise sur notre conception du monde pour en imaginer une autre.
- Ensuite, on associe à cette nouvelle vision une identification du bien. Cela touche à notre éthique, à nos valeurs qui, d’un coup, évoluent.
- Enfin, on y associe des actions concrètes en se posant la question : comment doit-on s’y prendre pour aller dans ce sens ?
Le paradigme qui correspond à un “retour vers le client”,
- C’est celui de la croissance par l’augmentation de la consommation et de la productivité au travail ;
- C’est celui de la juste réponse du capitalisme à nos économies ;
- C’est celui de la croyance que nos énergies sont inépuisables.
C’est un paradigme où nos clients reviennent à leurs points de repères d’avant crise :
- Une incitation à la consommation du toujours neuf ;
- Un encouragement à la modernisation incessante de leurs équipements (qu’il s’agisse de leur téléphone, de leur voiture, de leur matériel informatique ou même de leurs vêtements) ;
- Une invitation à exister par le biais des marques ;
- Un monde où l’efficacité du transport est mesuré par le temps qui sépare deux endroits de la planète et qui en réduit la distance entre eux ;
- Un monde enfin où le digital peut être synonyme d’abondance.
Le paradigme vers lequel d’autres semblent se diriger,
- C’est celui du profitable et responsable à la fois ;
- C’est celui de la mesure et de la réduction des empreintes carbones, celui de la recherche des alternatives aux énergies carbonées ;
- C’est celui qui conduit à s’interroger sur la réduction de notre consommation, de nos déplacements;
- C’est celui qui révise nos équilibres de vie comme le travail à distance ou le besoin de qualité de liens avec les autres ou encore les habitudes alimentaires basculant de l’animal au végétal ;
- C’est celui de la vertu des économies de partage, du réemploi des biens de consommation, des circuits courts.
C’est un paradigme où nos points de repères sont à découvrir et où digital doit rimer avec sobriété.
Alors je nous invite à nous interroger :
Si on représentait les paradigmes comme des vallées placées les unes à côté des autres et le monde une boule qui oscille au creux de ces vallées, je me demande si le monde ne se trouve pas aujourd’hui dans un entre-deux, pouvant revenir en arrière vers les repères d’avant ou prêt à basculer vers de nouveaux repères.