La Résilience des entreprises

Quel rebond après la crise ?

A l’occasion de la cérémonie des SCOPS 2021, véritable baromètre de l’innovation commerciale réalisé par le master Distribution et Relation Client de l’Université Paris-Dauphine signait sa 14ème édition en mars 2021, en partenariat avec Numberly. Guillaume Floquet de Numberly a décrypté la Résilience des entreprises, thématique phare de cette édition, afin d’expliciter sa résonance auprès des entreprises tout au long de l’année 2020.

Revenons sur ces quelques mots…

En abordant ce thème, je me suis d’abord dit que ça manquait de légèreté à un moment où on en a tous cruellement besoin, et puis je me suis aussi dit que ça n’était certainement pas par hasard que vous l’aviez choisi.

Alors je me suis demandé ce que les gens savent de la résilience qui pourrait être un terme un peu dévoyé.

A l’origine, le terme de résilience était utilisé en agronomie pour décrire un sol qui après une catastrophe naturelle, une inondation ou un incendie, reprenait vie : ce n’est pas la même flore ni la même faune qu’avant mais c’est une vie intéressante qui sait se développer. Et puis, ce terme a été repris plus tard par les neuropsychiatres, Boris Cyrulnik en particulier, pour décrire la faculté de rebond qu’un humain peut avoir face au trauma. On l’a utilisé, par exemple, après les horreurs des camps de la Seconde Guerre mondiale ou encore après des attentats.

Ils ont constaté que nous n’étions pas tous préparés de la même façon à faire face à un trauma, que nous ne réagissions pas tous de la même manière face à un évènement où notre cerveau s’éteint tellement la douleur est forte et que, du coup, nous n’en sortions pas tous avec la même capacité à nous redévelopper.

Statistiquement dans nos vies, 100% d’entre nous allons traverser des épreuves, c’est probablement la moitié qui vivra ces épreuves comme un trauma où le cerveau « collapse » tellement c’est compliqué, difficile et douloureux pour la personne.

Et seulement 30% seront équipés pour être résilient, c’est-à-dire capables de reprendre un développement différent mais intéressant.

La résilience n’est pas décrite comme un état
mais comme un processus.

Il y a un AVANT, un PENDANT et un APRES :

Les neuropsychiatres ont montré que les personnes faisant preuve de résilience avaient les caractéristiques suivantes :

  • AVANT : elles se sont développées avec un attachement sécure, elles sont capables de projeter, de mentaliser, de socialiser plus facilement.
  • PENDANT : elles sont capables de se distancier face à l’horreur, elles gardent leur empathie, ce qui leur permet de se créer un espace de liberté.
  • APRES : elles se redéveloppent plus facilement car elles savent trouver du soutien auprès des autres et sont capables de donner du sens à ce qu’elles ont vécues.

Aujourd’hui, on parle de résilience pour les entreprises. Je ne pense pas que ce soit un hasard.

La crise que nous traversons est bien
un trauma pour les entreprises :

Elles ont d’abord fait face à l’IMPENSABLE :

La perte de contrôle et la perte de repères où il était difficile de distinguer entre réalités et hypothèses. Voir clair entre ce qui est de l’ordre de la crise (rien ne reviendra comme avant) et ce qui est de l’ordre de la panne (qu’on pourrait réparer).

Et puis cet impensable a laissé place à l’IMPOSSIBLE :

Nous avons peu à peu pris conscience de l’ampleur du problème – c’est venu bousculer nos certitudes voire nos valeurs. La situation pouvait nous forcer à renoncer à certaines valeurs : correctement traiter nos partenaires, continuer de prendre soin de nos équipes.

Nous avons vu des comportements
que nous n’avions pas l’habitude de voir.

Il me semble que les entreprises sécures sont celles qui sont entrées dans la crise avec des points de repères : une identité solide, des équipes capables de créer des liens entre elles ou avec des partenaires, des équipes agiles pouvant s’appuyer sur un savoir-faire robuste et pouvant aussi s’appuyer sur une solidité financière.

Elles ont pu ou su reprendre de la distance dans cette crise, observer avec recul, maintenir des liens empathiques avec leurs partenaires, leurs clients et leurs équipes. Elles ont su expliquer sans dramatiser mais sans évitement non plus. Elles ont su focaliser leur énergie sur ce qui était nécessaire pour se préparer à l’après.

Aujourd’hui, ce sont sans doute ces entreprises qui sont capables de repartir plus vite, plus fort, car elles savent trouver le soutien de ceux qu’elles n’ont jamais laissé tomber au plus fort de l’incertitude : partenaires et équipes, et elles savent aussi redonner du sens à ce qu’elles ont vécu comme une transformation nécessaire voire utile.

L’innovation s’inscrit au cœur de ce rebond comme un élément de la résilience indispensable à re générer une croissance différente de celle d’avant crise, une croissance autrement mais probablement tout aussi prometteuse…

… tout comme la faune et la flore des terres inondées ou brûlées.